Phare du Planier
1774 (1er phare)
1829 (2e phare)
1881 (3e phare)
1959 (4e phare)
Pierre
66,37 m
Feux : éclats blancs / 5 s
Lanterne : lampe 150 W (24 V), focale 0, 50 m
Portée : 23 milles
Automatisé en 1986
2012/09/13 : classé MH
Pour tous les marins, le Planier signale l’approche du port de Marseille. Dès le Moyen-Age, une tour y est construite par Robert d’Anjou (1320). En 1774, elle est surélevée pour accueillir les réflecteurs de l’entrepreneur Tourtille-Sangrain. L'activité portuaire reprenant sous la Restauration, l'ingénieur des Ponts Garella entreprend la construction d'un phare sur l'île du Planier en 1823. Le balisage du port est également précoce, avec la construction en 1833 de la tourelle des Canoubiers.
Marseille connaît un formidable essor au XIXe siècle. Le rêve saint-simonien d’une union entre l’Orient et l’Occident passe par le développement de son port, en liaison avec les chemins de fer. La construction de la « grande jetée du large » dans les années 1840 est un moment clef du développement de Marseille. Renonçant à creuser la côte, les ingénieurs décident de gagner sur la mer les nouveaux bassins, à l’image des travaux qui se déroulent à Alger depuis la conquête coloniale : des travaux maritimes titanesques. La tour de Sainte-Marie signale l’entrée du nouveau port de la Joliette. Ouvrage fonctionnel signalant un grand port moderne, elle devient un lieu de promenade prisé des Marseillais, qui viennent y contempler le spectacle des navires entrant et sortant des bassins. L’inauguration du canal de Suez (1869) ouvre de nouveaux horizons. Marseille devient le coeur économique de l’empire colonial français. La signalisation du port accompagne ce mouvement. Un phare est allumé en 1863 sur l’îlot du château d’If célèbre édifice du XVIe siècle devenu prison d’Etat.
L’activité du port désigne Planier comme candidat à l’électrification à la fin des années 1870, malgré le défi que représente l’implantation de machines sur l’îlot. Une élégante tour de près de 60 mètres est construite. Elle est entourée de logements où plusieurs familles de gardiens et de mécaniciens vivent en communauté. Dans Marseille, porte du Sud (1927), Albert Londres célèbre le Planier, un phare « illustre dans le monde ».
La Libération de la ville s’accompagne de violents bombardements qui touchent le Vieux Port. De nombreux ouvrages de signalisation disparaissent, dont le phare du château d’If et Planier. Ce dernier cristallise toute l’attention des Marseillais, qui s’impatientent face aux atermoiements de l’administration. Le Service des phares est perplexe sur la taille de l’édifice et la manière de le gardienner. L’essor des techniques de radionavigation ne permet-il pas d’envisager des tours plus modestes ? Le relatif isolement des familles correspond-il aux modes de vie à venir ? En 1947, après les naufrages du pétrolier Vendémiaire et du vapeur Middelsbury Victory, le député Gaston Defferre prend la plume pour exiger la reconstruction d’un nouveau phare d’une hauteur au moins égale à l’ancien. Son vœu sera exaucé en 1959, avec l’allumage du 4ème phare construit sur l’îlot. Ce délai semble bien long car les architectes Arbus et Crillon avait dessiné un plan d’ensemble dès 1945. Ils mèneront à bien leur ambition et coûteux projet, y compris de spacieux logements qui seront peu occupés. Depuis la fin de la veille permanente en 1986, aucune solution pérenne n’a été trouvée pour valoriser ces bâtiments d’une rare qualité architecturale.
Cote : ENPC PH 203 P
École nationale des ponts et chaussées