Phare de la Jument
1904-1911
Béton
47 m
Feux : 3 éclats rouges, 15 s ;
Optique : Fresnel
Aide sonore : 3 sons, 60 secondes
Portée : 22 milles
Automatisé en 1991
A la fin du XIXe siècle, de nombreux naufrages endeuillent les parages d’Ouessant. Pas moins de 30 navires se perdent entre 1888 et 1904 selon un rapport établi par la Marine. L’administration des Phares et Balises engage alors une politique d’éclairage des abords de l’île, en imaginant d’abord l’installation de tourelles lumineuses, dont la technologie commence à être maîtrisée. Mais l’obtention de legs inattendus engage le service dans deux grands chantiers à la mer. Une course contre la montre s’engage pour la construction de la Jument: la tour doit être achevée en 7 ans, selon les volontés d’Eugène Potron, le mécène qui finance les travaux par testament. L’histoire épique de la construction du phare est bien connue : le nombre annuel d’accostages est faible, les sorties infructueuses se multiplient depuis Lampaul. L’administration dissimule ces difficultés pour tenir le délai imparti par Potron et allume le feu sur un phare encore en travaux. Alors que sa construction vient de « s’achever », la Jument tremble dangereusement pendant les sévères tempêtes de décembre 1911. Le mercure s’échappe et « imprègne littéralement » les gardiens, qui souffrent « d’enflure à la face » et de tuméfaction. « La démoralisation du personnel est, plus préoccupante que les avaries matérielles d’ores et déjà constatées », écrivent les ingénieurs, inquiets pour la pérennité de l’édifice dans l’environnement hostile du Fromveur. La question des vibrations de la Jument est réglée dans les années 1930 avec l’ancrage du phare par des câbles, selon un procédé imaginé par l’ingénieur André Coyne pour les barrages-voûtes.
École nationale des ponts et chaussées