Service des Phares
7 mars 1806
Française
Organisme
Pour mettre en œuvre le programme d’éclairage de 1825, la Commission des Phares s’appuie sur l’administration des Ponts et Chaussées, dont une branche se spécialise dans la gestion de la signalisation maritime, au même titre que les routes, les canaux, les ports ou les chemins de fer. Dans les annuaires du ministère des Travaux Publics, les phares deviennent un « service extraordinaire » de Paris et du littoral. A Paris, sous la direction de Léonor Fresnel puis de Léonce Reynaud, le service central assure le secrétariat de la Commission des phares, inspecte les phares du littoral et conduit la politique scientifique et technique, en liaison avec les artisans, puis les industriels parisiens. Ce service s’installe sur le quai de Billy (1848), puis dans un dépôt situé sur la colline du Trocadéro (1869). Initialement composé de deux ingénieurs, un chef et son adjoint, et de quelques conducteurs, les effectifs s’étoffent au cours du XIXe siècle : à la mort de Reynaud, l’inspection du littoral et le service technique sont confiés à deux ingénieurs en chef, coiffés par un directeur. Des conducteurs et des agents assurent les tâches techniques, mais aussi administratives : le service tient à jour des dossiers sur chaque établissement du littoral et publie régulièrement des Etats de la signalisation maritime. Sur le littoral, le service est d’abord localisé dans les phares et les magasins par lesquels transitent les huiles et les accessoires venus de la Capitale. Les effectifs sur la côte sont composés par des gardiens, des marins et des ouvriers. Le Service est constitué d’un centre, qui définit et conduit une politique mise en œuvre par des centres répartis sur le littoral. S’il est clairement un lieu de commandement, le dépôt de Paris dépend des services de la côte pour recueillir des données et tester de nouvelles technologies. Au sein des Ponts et Chaussées, le Service des phares gagne en autonomie quand, en 1926, son directeur obtient délégation de signature du ministre. Le service central compte alors neuf ingénieurs ou techniciens, quinze employés et une dizaine d’ouvriers. Après la Deuxième Guerre mondiale, il ouvre de nouveaux centres techniques, d’abord à Bonneuil-sur-Marne, puis à Nantes, Aix-en-Provence et enfin Brest. Le service français est à son apogée, jouant un rôle décisif dans la création d’une Association Internationale de Signalisation Maritime (1957), dont il abrite le secrétariat. A la fin des années 1980, la direction des phares a disparu. Elle est aujourd’hui devenue un simple « bureau », qui ne contrôle plus le service technique, refondu dans un centre technique des équipements maritimes et fluviaux. Plus de 1000 personnes travaillent dans ses services du littoral. La démolition du dépôt des phares du Trocadéro, le 2 août 1992, symbolise cette « chute » des phares et balises au sein de l’administration française. Celle-ci n’est pas directement liée aux changements technologiques qui remettent en cause la place prédominante des grands phares dans les réseaux d’aide à la navigation. Elle témoigne en revanche d’une réorganisation de l’Etat, qui ne s’organise plus par infrastructures ou par réseau (routes, ports, phares) mais selon des politiques publiques (sécurité, transport).
École nationale des ponts et chaussées
https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/IR/FRAN_IR_050620